Brasser sa bière de manière écoresponsable

Il est indéniable que brasser de la bière produit du CO2. Et chercher à ne pas en produire du tout serait une ineptie.

Depuis trois ans que je brasse, je tente cependant de réfléchir mon processus de brassage en conscience de son impact sur l’environnement, et de faire des choix raisonnés afin de faire une bonne bière qui soit également la plus respectueuse possible.

Dans cet article, qui aura probablement des mises à jour au fil des années, j’explique mon approche pour tenter d’avoir des brassins le plus écoresponsables possible.

Consommation énergétique

Je brasse actuellement avec une cuve électrique Klarstein Mundschenk de 30 L.
Cette cuve consomme 2500 watts en période de chauffe.

J’ai tenté de mesurer ma consommation électrique exacte en utilisant un Shelly Plug. Malheureusement, celui-ci n’est pas fait pour une telle consommation électrique, et son fusible saute sur le dernier palier d’empâtage ou en début d’ébullition.

Afin de réduire ma consommation électrique, j’ai donc investi dans une gaine isolante. Malheureusement, ne pouvant calculer mon usage électrique précisément, je ne suis pas dans la capacité de savoir quel est l’impact réel de cette gaine.

Le choix des ingrédients

Je n’arrive actuellement pas à acheter mon malt et mes houblons localement. Je les achète donc sur internet, généralement chez Rolling Beers, qui sont basés dans la même région que moi.

Par ailleurs, n’ayant actuellement pas de moulin à malt, j’achète celui-ci déjà concassé. Je suis par conséquent plus limité sur les types de malt que je peux utiliser. Il est difficile de trouver du malt bio par exemple.

Concernant les autres ingrédients de mes bières, telles que du citron, j’achète toujours mes produits sur le marché, ou chez des petits commerçants.

Les déchets

Les déchets principaux d’un brassin sont les drêches de malt et le houblon.

Les drêches de malt peuvent être réutilisées pour de nombreuses choses, telles que la conception de pain et de gâteaux. Ou pour nourrir des animaux.
Nous mangeons très peu de pain. Et mon chat ne jure que par ses croquettes.

En revanche, nous participons à un compost collectif de quartier. Je mets donc toutes mes drêches, ainsi que mes restes de houblon dedans.

Le refroidissement

Refroidir le mout pourrait probablement être l’étape la plus énergétique d’un brassin. Je choisis donc de ne pas le faire !

La méthode la plus commune de refroidissement est avec un serpentin que l’on immerge dans la cuve et dans lequel on ferait couler de l’eau fraiche.
Le problème étant bien évidemment la consommation d’eau.

Il serait bien évidemment possible de réutiliser cette eau, qui n’a fait que transiter dans un tuyau. Pour arroser ses plantes, ou pour le brassin suivant par exemple.

Dans mon cas, je n’ai pas assez de plantes pour utiliser cette eau. Et je ne brasse pas assez fréquemment pour pouvoir la conserver entre deux brassins.

À la fin de mon ébullition, je laisse donc mon eau refroidir naturellement dans ma cuve de brassage. Lorsqu’elle atteint 45 degrés, je la transvase dans ma cuve de fermentation, que je ferme pour éviter les infections.
Le lendemain matin, lorsque le mout atteint une température ambiante, j’ensemence avec ma levure.

Je n’ai jamais eu de problèmes d’infection de mout avec cette technique, ni de faux gout.

La fermentation

Techniquement, la fermentation produit du gaz carbonique. Certaines brasseries professionnelles utilisent des compresseurs de CO2 afin de récupérer ce gaz carbonique, le stocker et le réutiliser (par exemple pour mettre leurs futs sous pression).

Je n’ai pas de source fiable là-dessus, mais il semblerait que la fermentation de 1 hectolitre de bière produirait environ 4 kg de CO2.
À mon échelle, je produirais donc 0.8 kg de CO2 par brassin, ce qui correspond (selon l’ADEME) environ à 12 jours d’éclairage avec une ampoule basse consommation. Autant dire une très faible production.

À l’heure actuelle, je n’utilise pas de système de contrôle de la température pour ma fermentation. Cependant, je suis en train de récupérer un vieux frigo. Je prévois de faire une analyse de la consommation électrique d’une fermentation avec celui-ci une fois ce système en place.

Conclusion

Comme toute action humaine, le brassage de bière a un impact sur l’environnement.
Ce qui ne signifie pas que ce soit une activité à éviter. Simplement qu’il faut le faire en conscience et parfois faire certains choix, afin de continuer à vivre.

Le cas de l’utilisation d’un frigo pour réguler la fermentation me semble assez typique. Je pourrai brasser uniquement des Ales et des Kveik l’été, en me basant sur la température de mon logement uniquement. Et c’est ce que j’ai fait pendant près de 3 ans.
Le problème étant que je ne peux du coup pas faire de Cold Crash (mettre la bière à beaucoup plus basse température pendant 2 jours) juste avant la mise en bouteille, ce qui apporte trop de levures dans mes bouteilles, et les rends difficile à ouvrir sans faire un geiser.

Ajouter cette consommation électrique me permet donc d’améliorer de manière non négligeable la qualité de ma bière. Cela me semble donc être un compromis acceptable.